Maintenant que vous avez lu la première partie de cet article, qui aborde plutôt la théorie sur l’influence de l’humain sur les rencontres canines, place aux anecdotes. Vous noterez donc que les rencontres que je vous raconte ne sont pas exemptes d’influences potentielles, compte tenu de ma présence. Ce texte a seulement pour but de vous faire partager des expériences personnelles et de vous faire réfléchir à notre influence sur les rencontres canines.
Discussion avec un chien qui se promenait seul
Première anecdote : je me promenais dans les bois avec Neska. Nous sommes seules dans la forêt, lorsque nous voyons sortir du sous-bois, à environ 60m, un épagneul breton, relativement âgé. Aucun humain ne l’accompagne. En voyant Neska, il tente de s’approcher pour la rencontrer, mais Neska n’est pas de cet avis. Elle ne veut pas qu’il vienne, se couche et le fixe avec insistance. Je m’arrête en même temps qu’elle, afin de ne pas forcer ma chienne à aller au contact : l’objectif est de ne pas l’influencer. Si Neska avait souhaité avancer, je l’aurais accompagnée. Le chien hésite, s’arrête, tourne la tête, retente une approche. L’attitude de Neska ne change pas. Au bout de quelques minutes, le chien renonce, et s’en retourne dans le sous-bois pour reprendre sa petite promenade autonome.
Dans ce cas de figure, l’absence de l’autre humain a permis aux deux chiens de communiquer librement et de faire le choix de ne pas se rencontrer.
Intervention d’un humain lors d’une rencontre
Deuxième anecdote : promenade dans un parc, encore avec Neska. Nous voyons arriver sur le chemin, face à nous, une jeune berger des shetland. Je me décale donc sur le côté afin de laisser passer ce petit chien. Si vous ne connaissez pas Neska, il faut savoir que c’est une chienne très sérieuse, qui a tendance à contrôler les déplacements rapides et les débordements d’excitation. Elle peut donc facilement être impressionnante ou dissuasive pour un chien peu à l’aise. Arrivée à notre hauteur, la chienne ne souhaite pas venir nous voir. C’est alors que son humaine la pousse, malgré ses réticences, à venir « dire bonjour », ne sachant pas décrypter les signaux de communication canins. En effet, Neska la fixe avec insistance, de face, oreilles en avant : le message envoyé est : « Ne viens pas ». Je préviens cette dame que ma chienne n’est pas forcément très aimable, et que si sa chienne, habituellement enjouée à la vue d’autres chiens, ne souhaite pas venir, il y a sans doute une raison ! La dame tente alors de rappeler sa chienne, mais c’est trop tard : la shetland hésite, se rapproche, s’éloigne, puis se met à courir autour de nous. Joue-t-elle ? Non : la rencontre est dure pour elle, et ses émotions font déborder son excitation. Neska coupe les trajectoires de la jeune chienne et cherche à la stopper pour calmer l’excitation, qui commence à trop monter, mais c’est un peu compliqué pour cette jeune shetland ! La dame cherche alors à récupérer sa chienne, qui décharge en courant autour de Neska et fait donc monter la pression. Afin que les chiennes puissent finalement se rencontrer sereinement, il m’a fallu distraire la dame en discutant avec elle. Une fois la dame rassurée et occupée par ma conversation, la rencontre se déroule plutôt bien. Les chiennes se reniflent, essaient de courir ou proposent du chevauchement, le tout sans animosité ou tension. Pour autant, compte tenu du nombre de courses de décharge de la petite shetland, ce n’était pas une rencontre facile pour elle.
Sans encouragements de la part de son humaine, cette petite chienne ne serait pas venue d’elle-même rencontrer une chienne un peu trop compliquée et exigeante pour elle.
Lâcher prise et laisser le chien communiquer, la solution ?
Bien évidemment, il est également des rencontres en présence des humains qui se passent bien. En général, il s’agit des personnes qui ne s’inquiètent pas de la communication canine et laissent les chiens discuter, même si cela doit passer par un petit coup de dents. Je pense notamment à ce monsieur, que j’ai rencontré dans un parc à Boulogne, avec son malinois détaché. Je remarque que le chien prend le temps d’observer avant de venir rencontrer. Voyant que ce chien a envie de venir voir Neska, je préviens le monsieur que ma chienne n’est pas forcément très aimable et qu’elle peut se fâcher sur certains comportements. Sa réponse m’a beaucoup plu : “C’est pas grave, il n’avait qu’à pas y aller. Il saura pour la prochaine fois.” Certains diront que ce monsieur est sans cœur, qu’il n’aime pas son chien ou qu’il va finir par le traumatiser. J’ai personnellement l’opinion inverse : cet homme a conscience de ce qu’est un chien et qu’ils ne communiquent pas de la même façon que nous. En lui permettant de faire ses propres expériences et de rencontrer une grande diversité de profils de chiens (y compris des chiens peu commodes), il développe l’adaptabilité et la capacité d’analyse de son chien. Je ne parle bien évidemment pas ici de rencontres avec des chiens extrêmement agressifs, gratuits ou avec qui il y a très peu de communication, mais de rencontres avec des chiens capables d’interagir et de communiquer un minimum correctement avec leurs congénères, même si cela doit passer par une communication forte.
Laisser les chiens communiquer, dans la mesure du possible
Il ressort de ces anecdotes qu’il est important de bien observer la communication et d’intervenir le moins possible dans une rencontre, tant que cela est possible. Si notre chien, habituellement attiré par ses congénères, ne va pas de lui-même à la rencontre d’un autre chien, il y a probablement une raison ! Si notre chien peut s’avérer compliqué sur les congénères, il est possible de laisser de la communication tout en sécurisant l’interaction à l’aide d’une longe.
Vous avez du mal à comprendre la communication de votre chien et son comportement avec vous ou ses congénères ? N’hésitez pas à me contacter afin que nous puissions travailler ensemble à affiner votre lecture et votre compréhension de la communication canine !