Joueur, agressif, craintif, soumis, dominant, gentil, méchant, bien codé… Nous collons de nombreuses étiquettes sur nos chiens quand il s’agit de leur comportement. Un chien très excité mais qui ne montre jamais les dents est qualifié de joueur, un chien qui aboie ou grogne est tout de suite diabolisé, et un chien qui ne veut pas rencontrer de congénères est classé craintif. La réalité est bien plus complexe que ça. Les chiens ne jouent pas au scrabble, mais communiquent majoritairement avec leur corps et leur bouche.
Reprenons les bases : un chien excité n’est pas un chien content ou joueur. Un chien dont la queue remue n’est pas forcément « gentil ». Avant une bagarre, on peut souvent observer les queues des chiens remuer. La queue qui remue traduit simplement un état d’excitation fort. Cela peut également traduire certaines intentions, dont le chevauchement. Un chien qui lèche les babines, court après les autres ou encore remue la queue en chouinant n’est pas joueur. Le dictionnaire du chien va bien plus loin que « jouer ou ne pas jouer » et, comme dans n’importe quelle espèce sociale, les différents individus se testent, interagissent et posent des limites.
Un chien qui grogne ou claque des dents n’est pas nécessairement méchant. Il n’est simplement pas d’accord avec un comportement. A mon sens, un bon contact ne rime pas avec excitation permanente et harcèlement. Pourtant, c’est ce que l’on voit majoritairement dans notre quotidien. Prenons un exemple de deux chiens détachés.
Médor harcèle Gaufrette qui, pour essayer de se sortir de cette situation, court. Médor se met à courir après, et insiste donc encore plus. Si Gaufrette n’arrive pas du tout à se débrouiller de Médor, nous sommes dans un schéma harceleur harcelé. Pourtant, la plupart des personnes y verront du jeu.
Un bon contact est un contact qui permet discussion, adaptation et respect de la communication. Parfois, une petite aide de l’humain, qu’il s’agisse d’un déplacement, d’une demande verbale, d’un soutien ou d’une remise en longe, permettra d’équilibrer l’interaction, et de passer ainsi d’un contact à éviter à un contact potentiellement intéressant.
Prenons le même exemple, mais cette fois-ci, Gaufrette est en longe. Elle ne peut donc pas courir sans arrêt pour fuir l’interaction. Avec une longe bien gérée, Gaufrette pourra bouger, courir un peu, mais devra également dire non, que ce soit en ignorant, en montrant les dents, en grognant ou toute autre solution. Gaufrette a donc réussi à dire STOP à Médor. Si Médor l’écoute de lui-même, alors Gaufrette aura été renforcée dans le fait de communiquer clairement, et le reste de la balade sera plus agréable pour elle, puisque Médor sera moins insistant avec elle. Si Médor n’écoute pas de lui-même, son humain peut l’aider à entendre la communication de Gaufrette : en faisant une demande verbale, en se déplaçant, en rattachant quelques minutes si c’est trop… Et dans ce cas, Médor apprendra à écouter Gaufrette, ou à défaut son humain, et Gaufrette aura également été écoutée. Il est bien entendu possible d’attacher en premier lieu Médor et de laisser Gaufrette libre, si tant est qu’elle ne se mette pas à courir si Médor la sollicite.
Cela veut-il dire qu’il faut systématiquement intervenir lorsqu’un chien en harcèle un autre ? A mon sens, il faut s’adapter à la situation et aux individus. Si Gaufrette n’est pas en grosse difficulté avec Médor et peut s’en débrouiller, alors autant laisser les chiens communiquer sans intervenir, ils sont bien plus doués que nous pour parler leur langue !
Il n’est bien évidemment pas question, lors des interactions canines, de diaboliser l’excitation, qui fait partie de l’éthogramme du chien. Il est en revanche important que cette excitation ne vire pas à l’obsession, et que le chien soit capable de se calmer, de gérer ses émotions et ses excitations, et qu’il arrive à adapter un minimum sa communication avec les humains et ses congénères.